Les médicaments antidépresseurs semblent aider seulement les personnes très déprimées et ont la même efficacité que des placebos pour de nombreux patients, d'après une étude publiée par des chercheurs britanniques lundi.

Une équipe de chercheurs menée par Irving Kirsh de l'Université de Hull a passé en revue une série d'études, publiées ou non, sur quatre antidépresseurs, en se demandant si la réponse d'une personne à ces médicaments dépendait de son degré de dépression avant de commencer le traitement.

Publicité

Les antidépresseurs étudiés étaient le Eli Lilly et le Prozac, aussi connus sous le nom de fluoxetine, l'Effexor, aussi appelé venlafaxine, le Paxil, ou Seroxat, et enfin le Serzone, ou nefazodone, qui n'est plus sur le marché aux Etats-Unis.

Ce sont tous des inhibiteurs sélectifs de la re-capture de la sérotonine ou ISRS, c'est-à-dire une classe d'antidépresseurs qui opèrent dans le cerveau afin d'augmenter le taux de sérotonine (5-hydroxytryptamine ou 5-HT), un neurotransmetteur, dans la synapse par inhibition de sa re-capture.

Les chercheurs ont découvert que comparé à des placebos, cette nouvelle génération d'antidépresseurs n'entraînait pas d'améliorations significatives de l'état des patients qui avaient une dépression modérée voire très grave. L'étude a en revanche montré que des améliorations significatives sont constatées seulement pour les patients les plus déprimés.

« La différence d'efficacité entre les placebos et les antidépresseurs augmente en fonction de la gravité de la dépression du patient traité, mais reste très faible même pour les patients souffrant d'une grave dépression. La relation entre le degré initial de dépression et l'efficacité anti-dépressive est attribuable à la réduction de la réactivité aux placebos chez les patients souffrant de grave dépression, plutôt qu'à une augmentation de la réactivité aux médicaments » ont écrit les chercheurs.

« Même si les patients vont mieux quand ils prennent des antidépresseurs, leur état s'améliore également quand ils prennent des placebos, et la différence d'amélioration de leur état n'est pas très importante. Cela signifie que les personnes souffrant de dépression peuvent voir leur état s'améliorer sans traitement chimique » indique irving Kirsh dans un communiqué.

Mais selon Mary Ann Rhyne, une porte parole du laboratoire qui fabrique le Paxil, l'étude n'a étudié que les données précédent l'approbation du médicament par le gouvernement des Etats-Unis. « les auteurs n'ont pas su reconnaître les bénéfices positifs de ces traitements aux patients et à leur famille » a-t-elle déclaré.

« Cette analyse n'a étudié qu'une petite partie du total des données disponibles, alors que les organismes régulateurs du monde ont fait des examens extensifs et évalué l'ensemble des données disponibles ».