L'Observatoire national de la sécurité des établissements (ONS) a rendu son rapport 2007, qui traite de l'état et de l'hygiène des toilettes et des sanitaires dans les écoles primaires, et de son impact sur la santé des enfants. Ainsi, selon l'ONS, les écoliers ont peur d'aller aux toilettes, la moitié des élèves se plaignant de maux de ventre parce qu'ils refusent d'aller aux toilettes de leur école.
Au cours de l'année scolaire 2005-2006, « près de la moitié des élèves avouent avoir eu mal au ventre parce qu'ils n'avaient pas pu aller aux toilettes », selon cette enquête de l'ONS réalisée auprès de 865 établissements, sur la base de 24.781 questionnaires remplis auprès d'élèves de CM1 et CM2 et d'enseignants.
« Les élèves utilisent généralement les sanitaires de leur école soit régulièrement tous les jours (43%), soit occasionnellement quand ils ne peuvent pas faire autrement (48,5%). Cependant, un nombre non négligeable d'élèves (7,2%) disent ne jamais les utiliser dont presque la moitié sont pourtant demi-pensionnaires. »
« Lorsqu'on interroge plus précisément les élèves, une portion non négligeable paraît présenter des pathologies en rapport avec la non-fréquentation des toilettes : constipation aiguë ou chronique (15,1%), infection urinaire (21,6%). Le mode de recueil des données ne permet pas de vérifier statistiquement le lien causal. »
« Les équipements sanitaires sont principalement de type "cuvette" dans la majorité des écoles (81,3%). Seulement 16,4% des écoles sont équipées à la fois de toilettes de type "cuvette" et "à la turque". Très peu d'écoles (1,8%) ne disposent que de sanitaires "à la turque". »
« Dans plus d'un quart des écoles (29,5%) il n'y a pas de blocs sanitaires séparés pour les filles et les garçons. Près d'un tiers des écoles (32,2%) ne disposent pas de sanitaires dans les étages. On note la présence de sanitaires dans la cour ou dans le préau dans les trois quarts des écoles (78%). »
De plus, « 4 écoles sur 10 sont équipées d'un sanitaire accessible aux personnes en situation de handicap. 1 école sur 4 n'est pas équipée de sanitaires réservés aux enseignants. »
« Les observations des enseignants concernent le nombre insuffisant de WC, l'absence de blocs sanitaires séparés filles/garçons et de toilettes adultes, la demande de suppression des toilettes à la turque et la présence de sanitaires en étage. Quelques écoles signalent l'anomalie d'utilisation des sanitaires de l'école comme toilettes publiques » ajoute l'ONS.
Côté élèves, une part « non négligeable paraît présenter des pathologies en rapport avec la non-fréquentation des toilettes: constipation aiguë ou chronique (15,1%), infection urinaire (21,6%) », selon l'ONS, qui précise que toutefois « le mode de recueil des données ne permet pas de vérifier statistiquement le lien causal. »
De l'analyse des observations des enseignants il ressort que 20,3% d'entre eux demande du chauffage, de l'eau chaude, des cloisons, des verrous plus modernes. 20% ont trait au nombre insuffisant des sanitaires adultes et enfants et 5% concernent une mauvaise distribution qui engendre des problèmes de surveillance.
« 19,25% des remarques concernent l'hygiène des toilettes avec l'absence de savon, de balayettes, de poubelles, de papier (irrégularité dans la pose, gaspillage, la qualité, la disposition), de choix pertinent entre sèche-mains, essuie-mains, serviettes en papier, d'absence de réglementation imposant un équipement minimum. 16% sont relatives au nettoyage insuffisant et aux mauvaises odeurs et 10% portent sur la vétusté, le mauvais état des sanitaires et sur l'absence de point d'eau en dehors des toilettes. »
Toujours selon l'ONS, même non avéré, il pourrait y avoir un lien entre non utilisation des toilettes par les enfants, et consultation chez un médecin pour pathologies. « Cependant ces chiffres sont à rapprocher des études réalisées par le Professeur Averous1, uro-pédiatre au C.H.U de Montpellier. Il constate en effet une recrudescence des consultations pour infection urinaire lors des périodes scolaires. 18,8% des élèves interrogés admettent être allés chez le médecin pour ces pathologies mais, là encore, le lien avec la non fréquentation des toilettes ne peut être que présumé. »
Selon le professeur Michel Averous, chef du service d'urologie pédiatrique au CHU de Montpellier, « les informations données sur les problèmes de santé des élèves de CM1 et CM2 sont en totale adéquation avec ce qu'il observe depuis de nombreuses années dans ses consultations, à savoir les infections urinaires et les troubles mictionnels chez l'enfant. »
« Pour lui, il n'y a pas de doute, il s'agit bien d'un problème de santé important à ne pas négliger car il est source de mal être de l'enfant et parfois d'échec scolaire. Une prise de conscience du milieu éducatif est absolument nécessaire pour une prévention efficace. En effet, le nombre de consultations dans son service ne fait qu'augmenter d'année en année : 500 en 2004, plus de 700 aujourd'hui. Le suivi médical, les examens et analyses sont de plus une charge économique extrêmement lourde pour la société. » Et d'ajouter que « la propreté et la surveillance des sanitaires conditionnent le bien être de l'enfant par une utilisation régulière dans de bonnes conditions d'hygiène et d'intimité. »
« L'information des parents et des éducateurs sur ces bonnes pratiques et sur les conséquences d'une mauvaise hygiène est absolument nécessaire pour la santé de l'enfant. »