La consommation d'antibiotiques a baissé en France de presque 25% sur cinq ans, confirmant la bonne réception de la campagne de sensibilisation menée par l'Assurance Maladie pour faire baisser la consommation d'antibiotiques dans notre pays.
Néanmoins, la consommation d'antibiotiques reste élevée par rapport aux autres pays européens. Cette enquête de l'Assurance Maladie sur la consommation d'antibiotiques an France relève cependant une augmentation de la résistance des bactéries à ces traitements et lance donc une nouvelle campagne d'information.
Pour l'Assurance maladie, « avec les antibiotiques, vous ne guérirez pas plus vite. Vous êtes souvent victimes des infections courantes de l'hiver ? Vous en avez assez de vous absenter de votre travail ? Quoiqu'il en soit, n'insistez pas auprès de votre médecin pour qu'il vous prescrive des antibiotiques. Ils ne servent à rien car ces infections sont souvent d'origine virale. »
Au terme de cinq ans de programme Antibiotiques conduit par l'Assurance Maladie, la consommation d'antibiotiques a reculé de 23,4%, depuis 2002. Le résultat obtenu est proche de l'objectif initialement fixé soit une baise de 25% estime l'Assurance Maladie. Pour l'Assurance Maladie, cette baisse « témoigne ainsi de la capacité de changement des Français face à un médicament longtemps considéré comme la solution miracle pour faire face aux maladies courantes de l'hiver. »
Pour autant il ne faut pas baisser la garde, même si ce résultat est jugé significatif car la résistance aux bactéries « reste toujours préoccupante ».
« Le recul de l'utilisation des antibiotiques constitue une étape nécessaire pour préserver des ressources thérapeutiques très précieuses » ajoute l'Assurance Maladie, « mais l'absence d'innovation ne permet plus de renouveler les solutions thérapeutiques disponibles. » Réduire encore le recours inapproprié aux antibiotiques, c'est préserver notre santé et « celle des générations futures. La poursuite de la mobilisation est donc nécessaire » pour l'Assurance Maladie qui lance une nouvelle campagne de sensibilisation.
Plus encourageant encore pour l'organisme, ce recul de la consommation d'antibiotiques « se poursuit dans la durée, et mieux encore, il s'accélère depuis 4 ans. Ainsi, au cours de l'hiver 2006-2007, il est de - 6,3 % contre - 4,6 % l'hiver précédent, témoignant ainsi d'un changement qui s'ancre en profondeur. Au total, le recul de la consommation d'antibiotiques équivaut à près de 27 millions de traitements soit environ 850 millions d'euros de dépenses évitées depuis le début du programme. »
Les enfants de 0 à 5 ans, de traditionnels gros consommateurs d'antibiotiques en France, sont les premiers à bénéficier de cette baisse : dans cette tranche d'âge, le recul est supérieur à 34 %, soit 6,4 millions de traitements évités depuis 2002.
Mais l'enjeu reste entier en France car malgré la baisse conséquente enregistrée, la France est toujours le 2e pays le plus consommateur d'antibiotiques en Europe, juste derrière la Grèce2. Si la consommation ne constitue pas l'unique facteur de développement des résistances bactériennes, on constate que plus les antibiotiques sont utilisés dans un pays, plus la résistance bactérienne y est conséquente ; c'est pourquoi la France compte aussi parmi les pays européens les plus touchés par ce phénomène3. Ainsi, le taux de résistance du pneumocoque à la pénicilline en 2006 (36 %)4 est un des plus élevé d'Europe avec celui observé en Roumanie.
Pour l'Assurance Maladie, il y a bien une menace liée à la résistance de plus en plus forte des bactéries aux antibiotiques. Ces menaces que fait planer la résistance bactérienne aux antibiotiques « sur la santé publique sont réelles puisqu'elle compromet l'efficacité des traitements. » Ces menaces « imposent un recours extrêmement vigilant aux antibiotiques pour ne pas épuiser inutilement cette ressource thérapeutique. »
« Sans cet usage « durable », des infections aujourd'hui bénignes comme les infections urinaires (cystites féminines, pyélonéphrite aiguë) ou intestinales provoquées par le colibacille pourraient ainsi connaître, selon les experts, une recrudescence et deviendraient plus graves. De même, les traitements des pathologies dues au pneumocoque (comme les pneumonies ou l'otite) par les pénicillines ne garderont pas un niveau d'efficacité satisfaisant » précise l'Assurance Maladie.
Pour l'Assurance Maladie, « face à une infection virale, les antibiotiques ne font ni baisser la fièvre, ni guérir plus vite car ils ne traitent pas la cause de l'infection. Ils ne préviennent pas non plus la contagion. Pas d'antibiotiques, mais alors que faire ? Patience ! La plupart des infections virales guérissent d'elles-mêmes spontanément. En attendant, vous pouvez toujours soulager les symptômes grâce à des médicaments comme les antipyrétiques pour faire baisser la fièvre et se sentir mieux. »
Suivons donc ces bons conseils de l'Assurance Maladie, au risque sinon de voir un jour des bactéries multi-résistantes venir s'ajouter à l'ensemble des légions de microbes et autres micro-organismes qui menacent notre santé tous les jours : la consommation d'antibiotique, c'est pas automatique !