Le traitement à domicile des enfants atteints de pneumonie sévère est aussi efficace que le traitement en milieu hospitalier. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une nouvelle étude montre qu'il est tout aussi efficace de soigner les enfants atteints de pneumonie sévère à domicile que de les soigner en milieu hospitalier.
Les résultats de cette étude, pour l'Organisation mondiale de la santé, pourrait modifier de manière importante la façon dont la pneumonie sévère est prise en charge dans les pays en développement, permettant ainsi de sauver de nombreuses vies chaque année et d'alléger la pression qui pèse sur les systèmes de santé.
La recherche, menée au Pakistan par les chercheurs de la Boston University School of Public Health, avec le soutien de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) est publiée cette semaine dans la revue médicale The Lancet.
Cette étude a concerné 2037 enfants atteints de pneumonie sévère à qui il a été décidé par tirage au sort d'administrer soit des antibiotiques injectables en milieu hospitalier, soit des antibiotiques sous forme de comprimés à domicile. L'essai était le premier à comparer les résultats du traitement hospitalier de la pneumonie sévère avec ceux du traitement à domicile et les conclusions tirées démontrent l'innocuité et l'efficacité du traitement par des antibiotiques par voie orale en dehors d'un milieu hospitalier.
La pneumonie est la première cause de mortalité chez l'enfant de moins de cinq ans dans le monde et elle est responsable de la mort de près de quatre enfants chaque minute. Environ 60 % des cas de pneumonie dans le monde en développement sont dus à des bactéries et peuvent être soignés par des antibiotiques, alors que la plupart des cas de pneumonie dans les pays développés sont d'origine virale, précise l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Dans le cadre de l'étude, le nombre d'échecs thérapeutiques a été de 87 (8,6 %) dans le groupe hospitalisé, et de 77 (7,5 %) dans le groupe soigné à domicile. Sur les cinq enfants (0,2 %) qui sont décédés au cours de l'étude, quatre faisaient partie du groupe hospitalisé et un était soigné à domicile.
Cette étude a confirmé les conclusions de trois autres essais sur des sites situés en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique latine, qui ont montré que les antibiotiques par voie orale étaient tout aussi efficaces que les antibiotiques injectables dans le traitement des enfants hospitalisés atteints de pneumonie sévère.
« Les conséquences potentielles de ces résultats sont énormes », a déclaré le Dr Shamim Qazi, coauteur de l'article et médecin auprès du Département Santé et Développement de l'Enfant et de l'Adolescent de l'OMS.
« La prise en charge efficace de la pneumonie est essentielle pour améliorer la survie de l'enfant. Etre en mesure de soigner des enfants atteints de pneumonie sévère de manière sûre et efficace à leur propre domicile représenterait un avantage énorme à la fois pour les familles et les systèmes de santé, en réduisant le nombre des admissions nécessaires en milieu hospitalier. Nous allons mettre à jour en 2008 les directives de l'OMS pour tenir compte de ces nouveaux résultats. »
« Lorsqu'elle sera mise en oeuvre dans le cadre de programmes dans le monde entier, cette étude de confirmation menée au Pakistan permettra d'améliorer l'accès aux soins critiques dans les communautés défavorisées et de renforcer les possibilités de diagnostic et de traitement des pneumopathies sévères par les agents de santé communautaires », a indiqué le Dr Alfred Bartlett, conseiller principal pour la survie de l'enfant à l'USAID. « Ces conclusions permettront certainement de renforcer l'approche adoptée par l'OMS et l'UNICEF pour les pneumopathies sans signe de gravité qui contribue d'ores et déjà à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. »
Les directives actuelles conseillent aux agents de santé d'administrer des antibiotiques par voie orale pour les cas de pneumopathie sans signe de gravité et d'adresser les cas graves et très graves aux hôpitaux en vue d'un traitement par antibiotiques par injection.
Toutefois, parmi les enfants atteints de pneumonie sévère qui sont actuellement dirigés vers un hôpital, nombreux sont ceux qui soit meurent avant d'atteindre celui-ci, soit sont si malades au moment où ils arrivent que rien ne peut plus être fait pour les sauver.
Un petit nombre de cas de pneumonie très sévère (environ 2 à 3 % de tous les cas de pneumonie) continueront à nécessiter un traitement par antibiotiques injectables en milieu hospitalier.
Pour les familles des pays les plus pauvres, où la majorité des enfants sont atteints de pneumonie, il peut être difficile d'accéder aux hôpitaux. Les soins hospitaliers ne sont pas toujours possibles pour des parents qui ne peuvent quitter leur foyer pour accompagner l'enfant malade.
En outre, les enfants atteints de pneumonie sévère sont sensibles aux infections du fait d'une immunité affaiblie et plus vulnérables dans des services hospitaliers surpeuplés. Une approche communautaire permettrait d'introduire le traitement dans les foyers, de sorte que les enfants atteints de pneumonie puissent être recensés et commencer le traitement avant l'apparition des complications engageant le pronostic vital.