Le nouveau premier ministre de l'Australie a remis les documents relatifs à la ratification du protocole de Kyoto aux Nations Unies à Bali mercredi, et a déclaré que son pays souffrait déjà du réchauffement climatique.
Kevin Rudd a remis les documents relatifs à la ratification du Protocole de Kyoto au Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon en marge des discussions climatiques sur l'île indonésienne de Bali, où 190 nations essayent de lancer des discussions de deux ans pour définir un pacte mondial de lutte contre le changement climatique.
« Pour les Australiens, le changement climatique n'est plus une menace lointaine » a déclaré Kevin Rudd aux délégués lors de l'ouverture de la session principale de la conférence.
« Nos rivières s'assèchent, les incendies sont de plus en plus graves et fréquents, et nos merveilles naturelles -la Grande Barrière de Corail, Kakadu, nos forêts tropicales- sont désormais menacées ».
Kevin Rudd, dont le Parti Travailliste a remporté une large victoire le mois dernier aux élections législatives en Australie, a signé le pacte de Kyoto la semaine dernière, en tant que premier acte officiel, faisant ainsi des Etats-Unis la seule nation développée majeure en dehors du Protocole de Kyoto de lutte contre le changement climatique.
Près de 190 nations sont réunies à Bali pour discuter des termes du lancement des négociations officielles pour étendre ou remplacer le Protocole de Kyoto, qui a tout juste dix ans.
Kevin Rudd a qualifié le changement climatique de « l'un des plus grands défis moral et économique de l'humanité » . « L'Australie est désormais prête à assumer sa responsabilité en répondant à ce défi ' à la fois au niveau national et dans les négociations avec la communauté des nations ».
La position du nouveau Premier ministre de l'Australie à propos de Kyoto est totalement opposée à celle de son prédécesseur. L'Ancien premier ministre de l'Australie, John Howard, et son gouvernement de 11 ans, se sont en effet fermement opposés à la ratification de Kyoto, prétextant qu'il nuirait injustement à l'économie de l'Australie, basée sur les exportations, et à ses emplois.
Le Protocole de Kyoto engage 37 nations riches à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2012. Les nations en développement sont exemptes de ces objectifs de réduction pendant la première phase de Kyoto qui s'achève en 2012. La conférence de Bali vise à lancer un processus de deux ans de négociations pour que toutes les nations s'engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à partir de 2013.
Les nations pauvres veulent que les pays riches tels que l'Australie fassent plus avant qu'elles n'acceptent ces objectifs de réductions, et les négociateurs travaillent durs pour trouver une formulation qui conviendrait au monde en développement, et particulièrement à l'Inde et à la Chine, dont les émissions augmentent très rapidement.
L'Australie, le premier exportateur de charbon au monde et le plus grand émetteur de gaz à effet de serre par tête, est sous pression à la conférence de Bali, puisqu'elle refuse de soutenir 'tout comme les Etats-Unis, le Japon et le Canada- l'introduction d'un objectif de réductions des émissions pour 2020 dans le texte final de la conférence.
Kevin Rudd a déclaré que son gouvernement avait besoin de faire ses propres études économiques avant de pouvoir s'engager à réaliser des objectifs de court terme. Il a déjà promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'Australie de 60% d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2000.
« La communauté des nations doit atteindre un accord. Il n'y a pas de plan B. Il n'y a pas d'autres planètes où chacun d'entre nous peut s'enfuir » a déclaré Kevin Rudd aux délégués.
L'Australie a négocié durement à Kyoto au Japon en 1997 et a obtenu l'accord le plus généreux donné à une nation industrialisée majeure. En effet, dans le cadre de Kyoto, l'Australie avait le droit d'augmenter de 8% ses émissions par rapport aux niveaux de 1990, alors que les autres nations industrialisées doivent réduire en moyenne de 5% leurs émissions.
La Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique a indiqué le mois dernier que les émissions de gaz à effet de serre de l'Australie en 2005 étaient environ 25,6% supérieures aux niveaux de 1990.