Le nouveau gouvernement de l'Australie ne signera probablement pas le Protocole de Kyoto à temps pour le sommet des Nations Unies sur le changement climatique qui aura lieu à Bali, mais sera accueilli la semaine prochaine comme faisant partie de la famille de Kyoto, d'après les experts juridiques et de l'environnement.
Le Premier Ministre travailliste de l'Australie Kevin Rudd, qui vient d'être élu, espère que le Parlement australien ratifiera le Protocole de Kyoto dès que possible et se demande s'il pourra montrer les documents au secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon lors du sommet de Bali.
Les Nations Unies espèrent que les négociations de deux semaines qui auront lieu à Bali et qui commencent lundi mèneront à un accord pour lancer un dialogue de deux ans pour décider d'un successeur au Protocole de Kyoto, dont la première phase expire en 2012.
« Il y a plusieurs façon de négocier le processus de ratification et je demande des conseils à ce sujet actuellement » a déclaré Kevin Rudd mardi. D'après un membre du ministère des affaires étrangères de l'Australie, la ratification pourrait avoir lieu à Bali le 13 décembre.
Le Premier Ministre John Howard, dont le mandat de 11 ans a été détruit par le parti travailliste de Kevin Rudd lors des élections de ce week-end, s'était opposé fortement à la ratification du protocole de Kyoto, car selon lui il nuirait injustement à l'économie de l'Australie basée sur les exportations d'énergie, et à l'emploi.
L'Australie a durement négocié à Kyoto au Japon en 1997 et a obtenu l'accord le plus généreux donné à une nation industrielle majeure, en se voyant accorder une augmentation de 8% de ses émissions au dessus des niveaux de gaz à effet de serre de 1990, alors qu'en moyenne les autres pays doivent réduire leurs émissions de 5% par rapport aux niveaux de 1990.
La Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique a déclaré ce mois-ci que les émissions de gaz à effet de serre de l'Australie étaient environ 25,6% plus élevées que les niveaux de 1990, mais si on compte l'impact de l'interdiction de la déforestation et autre protection des sols, les émissions de gaz à effet de serre de l'Australie ont augmenté de 4,5% par rapport aux niveaux de 1990.
L'Australie, le premier émetteur de gaz à effet de serre par tête, est donc sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs de Kyoto.
Kevin Rudd a discuté de la signature et de la ratification du Protocole de Kyoto avec l'ancien vice-président américain, et gagnant du prix Nobel de la paix 2007, Al Gore lundi.
« Nous avons beaucoup discuté du changement climatique et de certaines des choses qui ont besoin d'être faites au niveau mondial » a déclaré Kevin Rudd à propos de cette conversation.
« Nous finirons cette discussion à Bali au-dessus d'une tasse de thé ou de quelque chose de plus fort » a-t-il commenté.
Les Etats-Unis sont désormais la seule nation développée majeure qui refuse de ratifier le protocole de Kyoto. Le Président G.W. Bush, tout comme John Howard, estime qu'accepter des objectifs contraignants de réduction des gaz à effet de serre nuirait à l'économie et à l'emploi de son pays.
Il a aussi déclaré que le protocole excluait injustement les grandes nations en développement, telles que la Chine et l'Inde, des réductions d'émissions.
Convaincre les nations les plus pauvres, qui accusent l'Occident d'être à l'origine de la quasi-totalité des gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère, de rejoindre le protocole pour lutter contre le changement climatique, sera une des missions les plus importantes à réaliser à Bali.
Un expert légal international a déclaré que sans lois intérieures en place et face à un Sénat hostile jusqu'à juillet prochain, le gouvernement de Kevin Rudd aurait du mal à ratifier le Protocole, car ce n'est pas chose facile à faire en Australie.
« Il n'y a jamais eu d'examen officiel de Kyoto ou de recommandations faites par le comité des traités du Parlement » a déclaré Donald Rothwell, de l'Université Nationale Australienne.
L'Australie pourrait enfreindre ses propres lois si elle ne suit pas le processus de ratification officiel.