Le changement climatique mettra la moitié des pays du monde en danger de conflits ou d'instabilité politique grave, d'après un rapport publié mardi, car il rendra le monde plus instable à moins que les nations et les communautés envisagent les problèmes dès aujourd'hui.
International Alert, un groupe de résolution des conflits installé à Londres, a identifié 46 pays, qui abritent 2,7 milliards d'individus, dans lesquels les effets du changement climatique créeront un risque élevé de conflit violent.
International Alert a également identifié 56 états où il y avait un risque d'instabilité politique.
« Cela représente près de la moitié des pays du monde » a déclaré le secrétaire général d'International Alert, Dan Smith. « Je m'attends à voir des conflits assez graves clairement liés au changement climatique qui vont se développer sur la scène internationale d'ici 2020 » a-t-il indiqué.
Le changement climatique affectera les ressources en eau, les saisons de pousse et l'utilisation des terres, d'après lui, ce qui conduira les communautés les plus pauvres et les pays les plus vulnérables à entrer en conflit.
Presque au sommet de la liste des pays concernés, on trouve l'Afrique centrale et l'Afrique de l'ouest, où des conflits sont déjà signalés au nord du Ghana entre les agriculteurs et les éleveurs, alors que les modèles agricoles sont déjà en train de changer du fait du changement climatique.
Le Bengladesh pourrait aussi connaître des changements dangereux, alors que l'on constate déjà le déclin du niveau du Gange en Inde, dont près de 400 millions de personnes dépendent, ce qui pourrait provoquer de nouvelles tensions dans cette région.
Les pénuries d'eau aggraveront sûrement les conflits existants dans le Moyen-Orient d'après Dan Smith, alors que les états actuellement en paix d'Amérique Latine pourraient être déstabilisés par le mécontentement après les changements provoqués par la fonte des glaciers qui affectera les fleuves.
A moins que les communautés et les gouvernements commencent à discuter de ces problèmes avant qu'ils n'aient vraiment lieu, il y a un risque que le changement climatique ravive ces guerres, telles que celles qui ont eut lieu au Libéria ou en Sierra Leone en Afrique de l'ouest, ou dans le Caucase à la frontière avec la russie.
La croissance économique actuelle dans les pays en développement pourrait également être affectée par le changement climatique.
« Notre expérience nous montre que le changement climatique peut être un facteur exacerbant de conflits » a indiqué Dan Smith. « La question est de savoir comment les communautés et les gouvernements vont parvenir à gérer ce risque ».
Dan Smith a déclaré qu'il était difficile d'isoler des guerres actuelles liées au climat, même si le changement climatique et les disputes agricoles sont un facteur de lutte certain dans la région du Darfour au Soudan.
Il a déclaré que les luttes ouvertes liées au changement climatique étaient susceptibles de se limiter aux régions les plus pauvres du monde, mais que les nations les plus riches d'Europe du nord ou d'Amérique du Nord pourraient également souffrir d'une instabilité mondiale plus importante.
La bonne nouvelle selon lui est que si les groupes et les responsables sont capables de discuter des problèmes pour aider à prévenir et éviter les conflits, cela devrait les aider à gérer les problèmes réels.
« Si ce ne sont pas les institutions et les organisations qui gèrent ces problèmes, les individus vont commencer à chercher par eux-mêmes et vont commencer à s'organiser pour lutter et cela conduira à une situation très délicate rapidement » a déclaré Dan Smith. « Il y a des centaines de millions de personne qui risquent d'être mêlées à des conflits à cause du changement climatique et nous devons commencer à parler de ces problèmes ».