D'un côté, les internes en médecine ont fait grève pour leur libre installation en France, et de l'autre, selon un rapport rendu public mercredi, le Sénat dénonce le risque de voir une pénurie de médecins toucher la France jusqu'en 2025, tout en faisant un ensemble de proposition pour à l'inégale répartition des médecins dans l'hexagone, pronant notamment la « télémédecine ».
Le Sénat a émis un ensemble de des proposition visant à pallier à l'inégale répartition des médecins en France, mais aussi à une pénurie annoncée pour la France du nombre de praticiens. La « densité médicale » ne retrouverait qu'en 2025, un niveau proche de celui enregistré au milieu des années quatre-vingt.
Selon ce rapport du Sénat, la baisse du nombre de médecins en activité est prévisible sur l'ensemble de notre territoire. L'hypothèse d'une pénurie prochaine de médecins paraît d'autant plus paradoxale que la France n'a jamais compté autant de praticiens en activité qu'aujourd'hui !
La pénurie de médecins en France « est pourtant vraisemblable pour trois
raisons : la réduction, entre 1983 et 1993, du nombre d'étudiants en médecine (numerus clausus), le nombre croissant de médecins partant à la retraite et la demande accrue de soins exprimée par une population vieillissante. »
Selon les projections établies par le ministère de la santé, les années à venir verront se succéder trois phases : jusqu'en 2007, le nombre de médecins en activité demeure stable ; de 2008 à 2015, les cessations d'activité seront supérieures aux installations et l'écart s'accroît progressivement. Pendant cette période, les modifications de numerus clausus décidées depuis 2004 n'auront aucune influence sur le nombre de médecins en activité ; et à compter de 2016, le nombre d'installations recommencera à croître, mais il faudra attendre 2025 pour que le nombre d'entrées soit égal à celui des sorties.
Ce schéma conclut à la baisse du nombre de médecins en activité de 9,4 % entre 2006 et 2025, passant de 207 277 à 186 000. Or, des écarts de densité médicale importants existent déjà en France. Ainsi, en région Centre, par exemple, les effectifs de médecins généralistes sont inférieurs de 20 % à la moyenne nationale.
Au total, selon les travaux réalisés par les missions régionales de santé, 2,3 millions de personnes vivent dans 643 zones identifiées comme « en difficulté » ou « fragiles » en termes de présence médicale.
La baisse du nombre de médecins en activité va se traduire par un creusement de ces disparités notamment en zone rurale, en zone de montagne ou dans les quartiers sensibles des périphéries urbaines, prévient le Sénat, un « problème » qui « ne se résoudra pas spontanément » !
Le Sénat émet un ensemble de propositions pour tenter de contrer cette pénurie de médecins et la mauvaise répartition des praticiens sur le territoire. Ainsi, pour le Sénat, il faut :
- Optimiser les mesures déjà prises : évaluer l'efficacité des dispositifs tendant à réduire les inégalités territoriales en matière d'accès aux soins ; recenser les besoins en professionnels de santé dans le secteur médico-social ; simplifier les démarches administratives pour l'obtention des aides à l'installation ; développer la télémédecine ; promouvoir les actions innovantes en matière de transports afin de favoriser l'accès du patient aux médecins ; favoriser l'installation de centres de santé dans les zones sous-médicalisées par l'attribution d'aides.
- Sensibiliser les étudiants et les jeunes médecins : mieux informer les étudiants en médecine sur les mécanismes d'aide à l'installation ; organiser dans chaque région une journée d'information sur les carrières médicales destinée à présenter les besoins régionaux en matière d'offre de soins ; encourager les stages de médecine générale en zones sous-médicalisées ; revaloriser la rémunération des maîtres de stage en zone sous-médicalisées.
- Envisager des mesures plus directives : transformer l'examen classant national en examen régional et rééquilibrer la répartition des postes dans chaque université en fonction de l'existence ou non de zones sous-médicalisées ; permettre aux partenaires conventionnels de réguler les installations dans les zones médicalement sur-dotées.