La fonte de l'Arctique serait une menace supplémentaire pour les cultures des chasseurs indigènes, alors qu'une fonte record a ouvert la région glaciaire à la navigation ou à l'exploration pour le pétrole ou le gaz, a déclaré une activiste Inuit mardi.
Sheila Watt-Cloutier, qui fait partie des candidats au Prix Nobel de la Paix 2007 a déclaré que le réchauffement climatique était deux fois plus rapide dans l'Arctique que dans toute autre partie du monde, avec des conséquences négatives affectant principalement les peuples indigènes et notamment les Inuits.
« C'est la vitesse du changement qui m'inquiète plus que tout » a-t-elle déclaré au Reuters Environment Summit dans une interview téléphonique depuis Iqualuit, au nord du Canada.
Elle a ajouté que les chasseurs Inuits n'avaient pas le temps de s'adapter à ces changements climatique.
La glace d'été de l'Arctique a atteint son niveau le plus bas le mois dernier, éclipsant les records précédents de 2005 de plus de 20% d'après les données satellites des Etats-Unis remontant à 30 ans en arrière.
Sheila Watt-Cloutier a déclaré que l'ouverture du Passage du Nord-Ouest pendant plusieurs semaines cet été via une masse d'îles canadiennes normalement entourées par les glaces, pourrait annoncer une nouvelle route de navigation entre l'Atlantique et le Pacifique.
Cela pourrait entraîner de nouveaux changements dévastateurs pour les individus vivant dans cette région isolée et peu peuplée.
« Quelle direction prenons-nous en tant que société Inuit ? Comment allons-nous gérer ces changements monumentaux ? » a-t-elle demandé.
Le pétrole et le gaz sont susceptibles d'être les menaces principales, car comportant des risques de fuites si la fonte continue au rythme prévu par les scientifiques climatiques des Nations Unies. Certains responsables des Nations Unies estiment qu'un quart des réserves non découvertes du monde se trouvent sans doute dans l'Arctique.
« Dans de nombreuses régions du Canada, on parle d'uranium, de minerai de fer, de diamants, d'or' toutes ces richesses naturelles pourraient avoir des impacts très négatifs à long terme » pour la société traditionnelle Inuit a-t-elle déclaré.
Certains chasseurs Inuit essayent de s'adapter aux changements. Le cabillaud nagent désormais au nord en grand nombre et les chasseurs qui avaient l'habitude d'attraper des phoques, « perdent un mode de vie en termes de phoques mais en gagnent un en termes de poissons ».
Les changements dans les environs d'Iqualuit cet été comprennent un type de mouche noire qui est apparue plus au nord que la normale, même si l'été dans son ensemble a été plutôt froid et humide.
Et le Canada pourrait à l'avenir avoir à défendre l'Arctique à cause des intérêts en compétition avec les autres états à propos des droits de navigation ou d'exploitation du pétrole et du gaz. La Russie a récemment planté un drapeau dans les fonds marins sous le Pôle Nord.
« Je détesterai voir l'Arctique devenir une extension de tous les camps armés, avec le Canada qui essaierait de revendiquer ses droits » a déclaré Sheila Watt-Cloutier.
Sheila Watt-Cloutier est une ancienne directrice de la Conférence Circumpolaire Inuit qui représente 150000 personnes en Alaska, au Canada, au Groenland et en Russie.
Elle a essayé de faire pression sur les Etats-Unis et d'autres grands émetteurs de gaz à effet de serre pour qu'ils réduisent leurs émissions provenant de la combustion des énergies fossiles, affirmant que le réchauffement climatique est une forme d'abus des droits de l'homme.