Paul Vergès, président de l'Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC), a remis ce jour à Jean-Louis Borloo, le rapport 2007 de l'ONERC consacré aux effets des changements climatiques sur les risques sanitaires en France. Ce rapport sera ensuite transmis au Premier Ministre et au Parlement.
Ce rapport a été établi avec la participation d'experts français du climat, provenant de Météo-France, de l'INRA, de l'Institut Pasteur, de l'Inserm, de l'AFSSA, du CNES, de l'InVS, de l'IRD, de l'EID, de Medias-France, des CHU, des universités et des ministères en charge de l'écologie et de la santé.
Les épisodes de canicule, l'apparition de maladies nouvelles comme le chikungunya tout récemment en Italie ou la fièvre catarrhale ovine aux Pays Bas, le désarroi à la suite de catastrophes comme le cyclone Katrina à la Nouvelles Orléans, les interactions entre le réchauffement climatique et la pollution, sans même parler des épidémies qui sont monnaie courante dans nombre de pays en développement, incitent à s'interroger sur la question des risques sanitaires liés aux changements climatiques en France.
Selon le ministère, « il est probable que les effets sur la santé se produiront souvent sous forme d'événements imprévus, et ceci bien avant la fin du siècle, peut-être demain. » Dans cette optique, en vue de se préparer à des problèmes sanitaires qui pourraient survenir en raison des changements climatiques Pour s'y préparer, Paul Vergès insiste sur plusieurs recommandations.
Une des conclusions les plus fortes des scientifiques est que les épisodes caniculaires deviendront de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses. Si le plan canicule mis en place après l'épisode de 2003 permet de réagir devant l'urgence, toute une réflexion est encore à faire sur l'adaptation aux fortes chaleurs, notamment dans la conception des bâtiments et des villes.
Les tempêtes, les cyclones, les inondations et leurs suites constituent un autre type de menace. Outre les conséquences immédiates de ces catastrophes, la désorganisation qui s'en suit peut avoir des conséquences dramatiques au plan de la santé, notamment en matière de qualité de l'eau et des aliments.
Dans le cas des maladies infectieuses, on constate combien la santé humaine est liée à celle des animaux et à l'état des écosystèmes. Dans le domaine du vivant, il est souvent difficile d'identifier les éléments pertinents, et les scientifiques qui ont contribué à cet ouvrage insistent sur la nécessité de maintenir une veille indifférenciée, en assurant le développement et la pérennité des observations. Parallèlement, les études et les recherches doivent être intensifiées sur les maladies susceptibles d'être influencées par le changement climatique, afin de définir le cas échéant des stratégies d'adaptation pertinentes. Une meilleure connaissance de l'écologie microbienne et des facteurs humains et climatiques devrait permettre sinon d'anticiper toutes les catastrophes sanitaires potentiellement liées au changement climatique, du moins d'y être un peu mieux préparés.
Les auteurs attirent aussi l'attention sur les liens encore mal connus entre le changement climatique, avec la pollution de l'air. Celle-ci peut être d'origine humaine, puisqu'on s'attend notamment à une augmentation de l'ozone dans les basses couches de l'atmosphère, mais aussi d'origine végétale, avec l'augmentation de la concentration de nombreux pollens allergènes.
Selon le président de l'Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC), « en raison de la multiplication des canicules, il est nécessaire de repenser la conception des bâtiments et des villes ; devant la complexité et les incertitudes concernant les maladies infectieuses, généralement liées à la santé des animaux et souvent aussi à l'état des écosystèmes, il faut développer la recherche et une veille très large et systématique ; les conséquences pour la santé des liens entre changement climatique et pollution, qu'elle soit d'origine humaine ou végétale (pollens), apparaissent inquiétantes et doivent être mieux comprises ; il faut développer encore l'information et la culture du risque auprès de la population, notamment en ce qui concerne les événements météorologiques extrêmes (canicules, tempêtes, crues, .) et la lutte contre certaines maladies infectieuses (chikungunya, dengue,.) ; il est indispensable de mettre en place des bases de données multidisciplinaires très larges et ouvertes, s'appuyant sur des informations normalisées à l'instar des données météorologiques. »
Jean-Louis Borloo a remercié Paul Vergès pour cette contribution, qui permettra de conforter la stratégie nationale d'adaptation au changement climatique.
Le rapport sera présenté aux membres des groupes de travail du Grenelle de l'environnement. Pour le ministre la politique climatique de la France « doit reposer sur deux piliers : la poursuite et l'intensification des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais également la mise en oeuvre d'une véritable politique d'adaptation pour affronter les conséquences du changement climatique. Ces conséquences, elles ne sont pas pour 2100 ! j'ai déjà pu les observer au Groenland» a ajouté Jean-Louis Borloo.
L'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) a été créé par la loi afin d'informer le public et les décideurs sur les conséquences du réchauffement climatique, et pour offrir au Gouvernement, au Parlement, aux élus et aux collectivités, et aux acteurs du développement, les éléments de connaissances nécessaires pour élaborer une véritable politique de prévention et d'adaptation.