Les scientifiques agricoles ont averti lundi que les espèces vivaces d'animaux d'élevage vitales pour les réserves mondiales de nourriture étaient en train de disparaître dans les pays en développement, particulièrement en Afrique. Ces scientifiques ont appelé à la création de banques génétiques régionales pour sauver ces espèces d'animaux d'élevage.
Dans un rapport présenté à une conférence dans la ville d'Interlaken en Suisse, les experts ont déclaré que des animaux plus adaptables et plus résistants étaient en train d'être remplacés par d'autres animaux d'élevage venant des pays riches. Ces animaux d'élevage sont plus productifs à court terme, mais posent un certain risque à long terme pour la production agricole.
« Le nombre d'animaux d'élevage fond actuellement en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.
Des races d'animaux d'élevage de grande valeur sont en train de disparaître à un rythme très inquiétant dans les pays en développement » a indiqué Carlos Sere de l'Institut de Recherche Internationale sur les Animaux d'Elevage, l'ILRI (International Livestock Research Institute).
« Dans la plupart des cas, nous ne connaîtrons pas la vraie valeur d'une race existante avant qu'elle n'ait déjà disparue » a ajouté Carlos Sere, Directeur général de l'Institut.
Le rapport, commandité par l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et la Nourriture a découvert que les petits propriétaires des pays en développement abandonnaient peu à peu les espèces d'animaux d'élevage traditionnelles en faveur des espèces importées d'Europe et des Etats-Unis.
Cette dépendance croissante à une poignée d'espèces d'animaux d'élevage provoque la perte d'en moyenne une race d'animaux d'élevage par mois dans les pays en développement, d'après le rapport.
Les vaches Holstein-Friesian, qui donnent beaucoup de lait, les poules White Leghorn qui pondent beaucoup d''ufs, et les cochons Large White qui grandissent très rapidement viennent tous des pays industrialisés et plus tempérés, et remplacent peu à peu les espèces d'animaux d'élevage dans les pays en développement.
Au nord du Vietnam, les races locales représentaient 72% de la population de cochons en 1994, mais huit ans plus tard, ces races ne représentaient plus que 26% de la population. Des 15 races locales de cochons, 10 sont menacées d'extinction aujourd'hui d'après le rapport.
Carlos Sere a déclaré lors de la conférence que les races d'animaux d'élevage du Nord offraient des bénéfices à court terme pour les pays en développement car elles donnaient de grandes quantités de viande, de lait ou d''ufs.
Mais sur le long terme, l'importation de ces races posent un sérieux risque car de nombreuses races ne pourront pas survivre à des changements environnementaux ou des épidémies de maladies inconnues quand ils seront introduits dans les conditions plus difficiles de vie des pays du sud.
Dans le monde, un milliard d'individus, soit un sixième de la population mondiale, sont impliqués à un certain degré dans l'élevage d'animaux, et 70% des populations rurales dépendent des animaux d'élevage pour l'essentiel de leurs revenus.
Carlos Sere a rappelé que des banques génétiques avaient été mises en place en Europe et aux Etats-Unis ainsi qu'en Chine, en Inde et dans certaines régions d'Amérique Latine. Mais l'absence de telles banques génétiques en Afrique est un sérieux problème car c'est une région où une grande diversité d'espèces existe encore.
Une autre façon de gérer le problème selon Carlos Sere serait d'appliquer au moyen de la coopération internationale la « génomique des paysages », c'est-à-dire des techniques de recensement qui aident à prévoir quelles races sont les plus adéquates aux différents environnements de la planète.