Des chercheurs étudiant les virus de la grippe aviaire ont déclaré jeudi qu'ils avaient peut être trouvé une façon de vacciner les individus avant qu'une épidémie du virus H5N1 n'ait lieu.
Les experts ont longtemps affirmé qu'il n'y avait aucun moyen de vacciner les individus contre une nouvelle souche de grippe avant que cette souche n'évolue. Cela signifie qu'il pourrait s'écouler des mois voire des années pendant lesquelles la grippe aviaire se développerait avant qu'une campagne de vaccination ne puisse commencer.
Mais une équipe de chercheurs de L'Institut National des Allergies et des Maladies Infectieuses (NIAID) du maryland, ainsi que l'Université de Médecine Emory d'Atlanta, ont déclaré qu'ils avaient peut-être trouvé un moyen de raccourcir ce temps d'attente du vaccin.
Le vaccin pourrait protéger les individus des mutations qui pourraient transformer le virus H5N1 de la grippe aviaire d'un microbe affectant principalement les oiseaux en un microbe qui peut affecter les individus facilement, d'après le Dr. Gary Nabel et ses collègues, qui ont publié leur rapport dans le journal Science de ce vendredi.
"Si nous pouvons définir quels changements ont besoin d'être faits pour que cette transformation de la nature du microbe ait lieu, nous pourrons faire en sorte que le système immunitaire vise un endroit précis du virus de la grippe aviaire » a expliqué Gary Nabel. « Cela nous donne l'opportunité de développer des vaccins ou des anticorps monoclonaux afin de réellement travailler sur une façon préventive d'être préparé au virus de la grippe aviaire ».
Les anticorps monoclonaux, souvent utilisés contre le cancer, sont des protéines du systèmes immunitaires qui attaquent spécifiquement les protéines sur une tumeur ou dans ce cas sur la grippe aviaire.
« Alors que personne ne sait si et quand le virus H5N1 de la grippe aviaire ne passera des oiseaux aux humains, ces chercheurs sont parvenus à trouver un moyen d'anticiper la façon dont ce passage (des oiseaux aux humains) aura lieu et ont mis au point un moyen pour y répondre » a déclaré le Directeur de l'Institut National de la Santé des Etats-unis, le Dr. Elias Zerhouni.
Le H5N1 reste principalement un virus qui touche les oiseaux, mais les experts craignent que ce virus puisse muter et prendre une forme qui puisse se transmettre facilement d'un individu à un autre, et qui pourrait ainsi se répandre dans le monde entier. Le virus de la grippe aviaire a déjà contaminé des êtres humains, tuant ainsi 192 personnes sur les 319 cas connus de grippe aviaire depuis 2003, d'après l'Organisation Mondiale de la Santé.
Pour mieux connaître la menace, les chercheurs ont étudié différentes souches de H5N1 et les ont comparé au pire virus de la grippe que l'on ait jamais connu : le virus H1N1 qui a tué entre 50 et 100 million d'individus entre 1918 et 1919.
Les chercheurs ont trouvé une mutation qui fait qu'une souche du virus H1N1 infecte plus facilement les oiseaux, et une autre souche du virus qui préfère les humains. Cette souche réside dans la partie du virus qui s'attache aux cellules dans les voies respiratoires.
Puis les chercheurs ont fait la même altération pour le virus H5N1 et ont vacciné des souris, certaines d'entre elles étant vaccinée contre un H5N1 dont l'ADN avait été génétiquement modifié.
Les chercheurs ont trouvé un anti-corps qui neutralise les deux types de H5N1 'le H5N1 qui infecte les oiseaux, et la forme génétiquement modifiée du H5N1 qui en théorie préférerait les humains.
Si le vaccin pouvait être conçu pour protéger les individus contre les virus qui ont subi cette mutation, le vaccin pourrait être utilisé avant qu'une épidémie de grippe aviaire ne commence, d'après Gary Nabel.
Par ailleurs, un anticorps monoclonal pourrait être utilisé pour traiter les individus déjà infectés par la grippe aviaire.
Les compagnies fabriquent déjà des vaccins pour les humains contre le H5N1 mais ils sont conçus en utilisant la souche actuelle du virus, qui n'infecte pas facilement les humains. Les scientifiques craignent que ces vaccins ne soient pas efficaces pour toute forme du virus qui puisse affecter les individus.